Allyorn et Tirina
Gwladys Ithilindil Sarie
Dans le royaume de Farn, le sorcier royal Mevren avait un énorme problème : le prince Allyorn et la princesse Tirina ne s’entendaient pas du tout et c’était un problème vu qu’ils devaient se marier. Ils se détestaient cordialement, se cherchaient querelle du matin au soir en s’envoyant des noms d’oiseau :
— Espèce de buse ! criait Tirina.
— Sale bécasse ! Répliquait Allyorn.
Les domestiques, les courtisans et tout le peuple du château ne les supportaient plus. Même le roi finit par en être agacé. N’en pouvant plus, il demanda à Mevren d’y remédier.
Le sorcier essaya divers charmes et sortilèges pour les réconcilier, en vain. Il ne savait quoi faire car, contrairement à ce qu’il escomptait, leur haine se décupla au lieu de disparaître. Heureusement, il restait une solution. La seule…
— Passer deux mois avec cette oie dans la Forêt de Mallow ? Vous n’êtes pas sérieux ?
Les éclats de voix du prince résonnèrent longtemps dans la grande salle où le roi l’avait convoqué. La princesse, mécontente elle aussi, se contenta de croiser les bras et de froncer les sourcils. Le roi prit son air le plus solennel et le plus sévère pour annoncer que sa décision était irrévocable et qu’il ne leur demandait pas leur avis. Allyorn et Tirina eurent beau rouspéter, supplier et marchander, le jour même ils partirent en carrosse jusqu’à la Forêt de Mallow.
Cette dernière était l’endroit le plus secret et le plus isolé de Farn. Les gens n’en parlaient qu’à mots couverts, en chuchotant et avec une certaine crainte. Elle se trouvait dans une vallée étroite, dominée par de grandes montagnes grises. Les arbres étaient si rapprochés qu’ils formaient comme un mur. Sous les arbres, il faisait presque nuit car les rayons du soleil avait du mal à percer. Personne n’y habitait hormis les animaux sauvages et les génies de la forêt.
Tirina était si effrayée qu’elle se colla contre Allyorn. Le prince, pas très rassuré lui non plus, il faut le dire, la serra dans ses bras. Ce bref intermède ne dura que quelques secondes. Très vite, ils se disputèrent comme des chiffonniers. Le cocher soupira. L’entente entre ces deux-là était loin d’être gagnée.
Un mois passa. Le prince avait construit une cabane pour lui et une hutte pour la princesse car il était hors de question qu’ils habitent ensemble. Seulement, les génies ne l’entendirent pas de cette oreille. Ils détruirent la hutte à peine construite. Allyorn en reconstruisit une. Les génies la détruirent à nouveau. Ce manège recommença encore une fois. Allyorn abandonna et accepta d’accueillir Tirina dans sa cabane mais cohabiter dans un espace aussi réduit ne les aida pas à se réconcilier. Alors les génies décidèrent de les obliger à s’allier pour une cause commune. Voici comment ils s’y prirent : il n’y avait qu’une seule issue pour entrer et sortir de la vallée. Ils firent tout simplement tomber de vieux arbres malades sur le chemin pour le barrer puis ils invoquèrent la Bête Sauvage et lui demandèrent d’effrayer Allyorn et Tirina en s’arrangea pour les obliger à s’allier l’un à l’autre.
Tirina revenait à la cabane avec un fagot de bois. Soudain, une silhouette gigantesque cacha le peu de soleil qu’on apercevait de la forêt. La princesse leva les yeux et se pétrifia d’horreur. Une bête hybride à tête humaine, corps de lion et de dragon la toisait de toute sa hauteur. Tirina hurla de terreur en reculant, avant de reprendre ses esprits, de lâcher son fagot et d’attraper un gros bâton qui trainait là. Elle n’avait pas appris qu’à coudre et à danser dans son enfance, elle s’était également exercée aux arts du combat, à l’escrime surtout. Elle se précipita en hurlant, férocement cette fois, le bâton prêt à s’abattre. Un mouvement d’aile l’envoya planer à trois mètres. Elle s’écrasa sur l’herbe en pleurant de douleur.
Entendant des cris, Allyorn prit son épée et sortit précipitamment. Il attaqua la Bête mais celle-ci l’esquiva et sa queue de lion cingla son visage. Le prince porta la main à son visage en criant de douleur.
La princesse se releva et attaqua à nouveau. Cette fois encore, son coup n’atteignit pas le monstre. Le prince eut alors une idée. Elle lui répugnait mais il ne voyait pas d’autre solution. Il devait en parler au plus vite à sa compagne et espérer qu’elle accepte.
— Tirina ! Cria-t-il. J’ai une solution pour vaincre ce monstre !
Surprise qu’il l’appelle par son prénom, Tirina ne répondit pas immédiatement.
— Et c’est quoi cette solution ? Dis-la vite !
—Unissons-nous et attaquons-le ensemble. Nous ne pourrons pas le vaincre autrement.
—D’accord, essayons.
L’idée d’Allyorn fonctionna à merveille. Ils attaquèrent la Bête Sauvage en même temps et l’assommèrent du premier coup. Heureux, le prince et la princesse s jetèrent dans les bras l’un de l’autre. Cette fois ils ne séparèrent pas avec un air gêné et une forte envie de s’insulter. Non, ils se sourirent et se remercièrent mutuellement. Les jours suivants, ils apprirent à se connaître et à s’apprécier.
Maintenant, ils sont de retour au château. Entre eux, ce n’est pas encore le grand amour mais, qui sait ? de l’amitié à l’amour, il n’y a qu’un pas à franchir.
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